Quand ça n’avance toujours pas: comment retrouver une direction

Par Sophie Makonnen

 

Certaines difficultés semblent peu urgentes, mais elles persistent. L’énergie stagne, les conversations s’étiolent et les priorités deviennent floues. Les solutions se font attendre plus longtemps que prévu.

Dans mon dernier blogue, je vous ai présenté six questions à se poser avant de porter un problème à un niveau supérieur. Cette semaine, je vais vous présenter une nouvelle approche pour traiter les situations où l’élan fait défaut, même si des efforts ont été fournis.

Plutôt que d’un arbre décisionnel ou d’un protocole de crise, voici un cadre mental simple pour débloquer une situation où l’élan manque. Ce cadre repose sur les 4 R : retirer, réorienter, recadrer et réflexion.

🍂. Renoncer : lâcher ce qui ne vous sert plus

Quand les choses ne se déroulent pas comme prévu, il ne faut pas nécessairement chercher ce qui manque ; parfois, c’est ce à quoi on s’accroche qui pose problème.

« Lâcher prise », c’est renoncer. Non pas dans un élan dramatique ou impulsif, mais plutôt en prenant une décision consciente d’abandonner ce qui ne nous est plus utile. Il peut s’agir d’un mode de travail, d’une croyance profondément ancrée, d’une histoire qu’on se raconte sans cesse, ou même d’une routine qu’on a pris l’habitude de suivre.

Prenons par exemple :

• Peut-être croyez-vous qu’il faut régler chaque situation sans demander d’aide, alors qu’une perspective plus globale serait manifestement utile.

• Ou bien vous essayez-vous encore de persuader une personne qui ne s’engage pas, ce qui constitue un gaspillage de temps et d’énergie ?

• Enfin, il est possible que vous accordiez trop d’importance aux détails, car vous avez toujours été fiable dans le passé, même si vos responsabilités ont évolué.

• Soit vous restez attaché·e à un programme qui ne correspond plus à la réalité par souci des attentes des bailleurs de fonds ou des enjeux internes.

Lâcher prise, ce n’est pas abandonner. C’est plutôt libérer de l’espace mental et émotionnel pour se concentrer sur ce qui est important. On peut le faire en toute discrétion ou de manière visible pour montrer l’exemple de prises de décision saines.

Posez-vous les questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui me retient et me garde coincé·e ?

  • Qu’est-ce que je dois laisser derrière moi ?

↪️. Réorienter : se concentrer sur ce qui peut bouger

Lorsque les choses semblent immobiles, il arrive que nous ayons tendance à exercer plus de pression. Cependant, la meilleure option peut parfois être de réorienter notre énergie.

Réorienter ne consiste pas à abandonner. Il s’agit de prendre du recul et de se poser la question suivante : qu’est-ce qui est encore possible en ce moment ? Où peut-on encore percevoir du mouvement ?

Vous pourriez ne pas obtenir l’approbation finale aujourd’hui, mais vous pouvez clarifier la prochaine question à poser, établir des alliances au sein d’une autre équipe ou rédiger une proposition pour être prêt lorsque l’occasion se présentera.

Quelques exemples :

• Au lieu de rester dans l’incertitude en attendant une décision reportée, travaillez à renforcer la collaboration entre collègues.

• Quand un processus est bloqué, profitez-en pour documenter ses lacunes, ou encore pour célébrer vos petites victoires.

• Si une conversation ne mène à rien, reformulez votre demande ou changez de partenaire de discussion.

Ne vous éparpillez pas en réorientant vos efforts. L’objectif est de saisir les opportunités offertes par le moment présent, plutôt que de gaspiller de l’énergie dans des situations stagnantes.

Posez-vous ces questions :

  • Où ai-je mis mon énergie sans rien en retour ?

  • Qu’est-ce que j’ai sous la main et que j’ai négligé ?

📦 Recadrer : changer le cadre, pas seulement les faits

Il arrive que les circonstances restent inchangées, tandis que notre approche pour les aborder évolue. « Recadrer », c’est modifier la manière de présenter un problème ou une idée pour qu’elle résonne différemment ou qu’elle fasse émerger de nouvelles options.

Lorsqu’une conversation tourne en rond ou que d’autres ne perçoivent pas l’urgence, il peut être temps de se demander :

Comment puis-je raconter cette histoire ? Pourrais-je raconter l’histoire autrement sans en trahir la vérité ?

Recadrer, ce n’est pas enjoliver ou manipuler. C’est choisir des mots, un contexte ou un cadre qui correspondent mieux à l’instant présent. Ce qui semblait être « une demande de plus » devient pertinent lorsqu’on le présente comme un risque, une opportunité ou une tendance.

Quelques exemples :

• Un programme de formation d’un partenaire local qui stagne peut être présenté non pas seulement comme un renforcement des capacités, mais comme une préparation à une initiative régionale imminente.

• Décrivez un défi en le liant à une tendance générale, plutôt que de le considérer comme un problème autonome.

• Adaptez votre suggestion pour qu’elle soit bénéfique pour une autre équipe.

Recadrer peut aussi vous aider à regagner en crédibilité, en montrant que vous avez écouté, ajusté et proposez une nouvelle perspective plutôt que de vous répéter.

Posez-vous la question suivante :

  • Quelle histoire est-ce que je raconte ? Existe-t-il une version plus claire ou plus dynamique ?

  • Un simple changement de perspective peut ouvrir des portes fermées.

Il ne s’agit pas d’essayer avancer, mais d’avancer différemment.

🧠 Réflexion : transformer le moment en apprentissage

Même si les choses ne se passent pas comme prévu, la réflexion transforme chaque résultat en une occasion d’apprentissage.

 Prendre le temps de se demander ce qu’on peut retirer d’une expérience augmente sa valeur, peu importe son issue.

La réflexion n’a pas besoin d’être formelle pour être efficace. Elle peut être aussi simple que de prendre dix minutes pour noter ce qui a fonctionné, ce qui n’a pas fonctionné et ce que vous feriez différemment la prochaine fois. C’est une étape qu’on a tendance à sauter, surtout dans un environnement où tout va vite. Pourtant, sans elle, on risque de répéter les mêmes frustrations ou de passer à côté d’enseignements utiles pour la suite.

Voici quelques pistes de réflexion :

• Les motifs récurrents que vous avez observés, que ce soit dans la communication, la prise de décision ou les résistances rencontrées

• La manière dont vous vous êtes présenté·e, ce que vous avez bien géré, ce qui vous a mis·e au défi, ce qui vous a surpris·e

• Les hypothèses que vous aviez posées, celles qui se sont révélées justes et celles qui ne se sont pas confirmées

Si d’autres personnes sont concernées, vous pouvez leur proposer une brève réflexion partagée. Un bref échange peut renforcer la confiance, clarifier certains points ou apaiser des tensions.

Posez-vous les questions suivantes :

  • Quel apprentissage ai-je envie de retenir ?

  • Qu’est-ce que je devrais garder en tête si une situation semblable se présente de nouveau ?

Il n’est pas nécessaire d’atteindre la perfection pour progresser. La réflexion donne de la valeur à chaque moment, même aux revers, en les transformant en occasions de progresser.

 

J’ai abordé ce sujet dans mon dernier blogue « Six façons de mesurer une impasse ». Parfois, il suffit de poser des questions différentes. Si, malgré cela, la situation n’évolue toujours pas, cela ne veut pas nécessairement dire qu’il faut monter les enjeux.

Parfois, le progrès peut commencer par un simple changement :

Renoncer: Laisser aller.

Réonrienter: Déplacer l’attention.

Recadrer: Changer le cadre.

Réflextion : Tirer un apprentissage.

Les 4R offrent une façon simple de rester engagé·e et intentionnel·le lorsque le chemin n’est pas clair. Vous pouvez en utiliser un seul, les quatre ou simplement celui qui convient le mieux au moment présent.  

 
 

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