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Succès : mise à jour en cours

Par Sophie Makonnen

 

À quoi ressemble le succès aujourd'hui ?

Le mot « succès » est omniprésent dans notre vocabulaire professionnel. Nous l’évoquons sans cesse, nous nous en inspirons et nous nous comparons à lui.  Au début de notre carrière professionnelle, le succès se traduit souvent par des accomplissements visibles : obtenir un emploi, décrocher une promotion, se faire une place dans une équipe de projet clé, gérer un budget pour la première fois ou coordonner une visite sur le terrain ou coordonner une initiative spéciale.  Il peut s’agir de recevoir des évaluations positives de la performance, d’obtenir la reconnaissance de la direction, de soumettre un rapport qui recueille les éloges des partenaires ou des sources de financement, ou encore d’être invité·e à présenter des résultats lors d’une réunion d’équipe ou d’un forum professionnel.  C’est souvent une question d’être vu·e, d’obtenir des résultats tangibles et de montrer que l’on peut être compté·e parmi les personnes sur qui on peut vraiment s’appuyer.

Mais que se passe-t-il lorsque cette définition ne convient plus ?

Au cours de nos parcours professionnels, le paysage change constamment, tout comme notre propre perception.  Une réalisation jadis considérée comme une réussite peut maintenant paraître dépourvue de signification, voire impossible à atteindre.  Une tâche que nous avons accomplie avec succès par le passé peut, aujourd’hui, paraître dénuée de sens, voire impossible. Peut-être, faites-vous toujours la même chose, mais votre environnement, vos priorités ou votre monde intérieur ont changé. C’est alors que cette ancienne réussite se transforme en plateau, sinon en source de découragement.  Ce changement de situation ne signifie pas nécessairement la fin de votre réussite.  Cela peut simplement signifier que votre définition du succès n’est plus adaptée à votre réalité actuelle.

 

Dans cette réflexion, je souhaite explorer comment le succès peut évoluer et pourquoi nous avons parfois tendance à nous accrocher à des objectifs passés dans des circonstances nouvelles.  Je vais également discuter de l’importance de redéfinir le succès pour ouvrir de nouvelles voies et retrouver du sens et de l’énergie.

 

Le danger de s'accrocher aux indicateurs du passé

Les repères familiers sont réconfortants. Lorsque nous avons passé des années à être reconnu·e·s pour notre réactivité, notre capacité à résoudre des problèmes ou notre aptitude à travailler sous pression, il est logique que nous continuions à viser la même chose.  Après tout, c’est ce qui nous a valu des éloges, des promotions et un sentiment d’accomplissement.

Mais que se passe-t-il si le contexte change et que les repères sur lesquels nous nous appuyions ne sont plus tout à fait adaptés?

En effet, il arrive que le paysage organisationnel change.  La direction change, les priorités sont redéfinies, et les mécanismes de reconnaissance d’hier ne s’accordent plus avec ce qui nous permet aujourd’hui de donner le meilleur de nous-mêmes.  D’autres fois, c’est nous qui changeons. Nous assumons un nouveau rôle, changeons d’organisation, lançons notre propre entreprise ou décidons de travailler de manière indépendante.  Notre réalité change, mais nous continuons à utiliser le même tableau de bord.  Ce qui définissait le succès n’est peut-être plus d’actualité, mais nous continuons à nous y référer, souvent sans nous en rendre compte.

En réalité, nous avons tendance à nous accrocher à l’ancienne version du succès, qui est bien ancrée en nous.  C’est le cadre qui nous a aidé·e·s à obtenir des résultats dans le passé et qui a façonné notre sentiment de compétence et de crédibilité.  Par conséquent, nous continuons à l’utiliser, même si le contexte a évolué.

Toutefois, lorsque ces repères familiers ne nous procurent plus les mêmes récompenses ou ne sont plus accessibles parce que nous les avons dépassés ou que les circonstances ont changé, le succès peut commencer à nous sembler moins satisfaisant.  Cela ne signifie pas que nous en faisons moins, mais plutôt que nous avons changé de direction ou que nous avons pris confiance en nous et sommes prêt·e·s à relever de nouveaux défis.

Se raccrocher aux définitions traditionnelles de la réussite peut nous enfermer dans des attentes dépassées qui ébranlent notre confiance en nous.  Cela peut nous faire douter de notre capacité actuelle à réussir, alors que la véritable cause de notre insécurité peut être la façon dont nous définissons le succès, qui n’a peut-être pas suivi le rythme de notre évolution personnelle ou de notre parcours actuel.

Parfois, une situation qui semble être un échec n’est rien d’autre qu’un décalage entre la réalité présente et un scénario dépassé.

 

Redéfinir le succès, ce n'est pas abandonner, c'est s'adapter

Se départir d’une ancienne définition du succès peut sembler inconfortable, voire risqué. Toutefois, il s’agit généralement d’une démarche stratégique : c’est un moyen d’adapter sa manière de travailler aux nouvelles réalités, tout en continuant à exceller.  Cela consiste aussi à apporter une contribution pertinente et nécessaire, dans sa nouvelle situation.

En conséquent, je suggère que la réussite ne consiste non pas à s’accrocher à une idée fixe, mais à rester aligné·e sur ce qui est le plus important aujourd’hui.  Cet alignement variera en fonction de l’évolution de votre rôle, de votre vie personnelle et de vos objectifs professionnels.  La capacité à faire une pause, à réévaluer et à recadrer votre définition du succès n’est pas une faiblesse ou un échec ; c’est la manière de garantir un succès continu, adapté à votre nouvelle réalité.

 

En coaching, je demande souvent...

Lorsque les anciens signes de réussite n’ont plus de sens, il est facile de se sentir perdu·e ou frustré·e parce que l’on pense ne pas être à la hauteur ou être coincé·e en essayant de reproduire quelque chose qui ne correspond plus à la réalité.  C’est souvent à ce moment qu’il est utile de faire une pause et d’examiner de plus près ce que vous mesurez et pourquoi.

 

Voici quelques questions que je pose souvent lors d’entretiens de coaching :

  • Dans quelles situations utilisez-vous la mesure du succès des autres ?

  • Qu’est-ce que vous réussissez déjà, mais que vous ne nommez pas ?

  • Sur quoi vous appuyez-vous, qui a déjà fait ses preuves, mais qui pourrait ne plus être aussi efficace aujourd’hui ?

  • Si le succès n'avait pas besoin d'être reconnu ou récompensé, à quoi ressemblerait-il pour vous ?

Ces questions ne mènent pas toujours à des réponses immédiates, mais elles ouvrent la voie à une plus grande compréhension.  Ainsi, on peut entamer la construction d’une définition du succès qui soit pérenne, satisfaisante et conforme à votre personne actuelle.

 

Une invitation : Repenser l'histoire que vous vous racontez

Le succès n’est pas une destination statique, c’est une histoire que nous nous racontons à propos de ce qui compte, de ce que nous visons et de ce à quoi ressemble un « suffisant ».  Cette histoire doit être mise à jour de temps en temps, surtout lorsque nous avons changé, ou que  le monde qui nous entoure a changé.

Voici donc mon invitation :

Prenez un moment pour vous demander à quoi ressemble le succès pour moi en ce moment, à cette époque de ma vie et de mon travail.  Pas ce qu’elle était.  Pas ce qu’il devrait être. Qu’est-ce qui me semble juste et pertinent aujourd’hui ?

Et pendant que vous y êtes, posez-vous la question suivante : Où est-ce que je réussis déjà, mais sans m’en féliciter ?

Lorsque nous changeons de point de vue, ne serait-ce que légèrement, nous découvrons souvent que nous ne sommes pas hors trajectoire.  C’est simplement que nous avançons vers quelque chose de nouveau, quelque chose qui reflète davantage la personne que nous sommes aujourd’hui, dans notre nouveau rôle, notre parcours et la manière dont nous exerçons notre leadership.

 

Réfléchir à ce que signifie le succès aujourd’hui n’est pas anodin.  C’est une façon de rester connecté·es à ce qui a du sens, dans un monde et une carrière en constante évolution. Nous avons le droit de réécrire cette définition, non pas parce que nous avons échoué, mais parce que nous avons changé.  Et si nous prenons le temps de l’ajuster, nous découvrirons peut-être que nous réussissons déjà… juste autrement.

 
 

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