La vraie clé de la concentration ? Savoir s’arrêter
Par Sophie Makonnen
Lorsque les demandes s’accumulent et que le travail ne cesse de s’empiler, il est naturel de se sentir fatigué·e et dépassé·e. Il peut être tentant d’accélérer, de persévérer, de parler ou de cocher des cases juste pour avancer. Pourtant, forcer ne mène pas nécessairement à la clarté, et le prix à payer est élevé. De plus, c’est une méthode qui s’avère difficile à maintenir sur le long terme.
Lorsque la situation devient difficile et que le stress devient insupportable, pourquoi ne pas envisager une pause ? Une interruption de quelques minutes qui dissipe la confusion mentale et envoie au cerveau le signal de repartir de zéro. Deux minutes peuvent suffire pour changer de vitesse, retrouver un recul et revenir avec une concentration plus stable.
Selon les dernières études, il est bénéfique d’intégrer des interruptions régulières dans sa routine. En effet, nos cerveaux ne fonctionnent pas avec une réserve infinie de concentration ; ils opèrent selon des cycles naturels. Dans un de mes derniers blogues sur les cycles de travail, j’ai exploré le fait que l’énergie fluctue au lieu de suivre une structure rigide.
Concentration : une question de rythme
Les scientifiques appellent ces fluctuations naturelles d’énergie les « rythmes ultradiens ». Ces cycles déterminent l’alternance de 90 minutes entre sommeil paradoxal et non paradoxal durant la nuit, et se poursuivent le jour dans nos schémas de concentration. Alors que le cycle circadien, d’une durée de 24 heures, régule le sommeil et l’éveil, les rythmes ultradiens se produisent plusieurs fois par jour, souvent en séquences de 90 minutes. En atteignant le sommet d’un cycle, l’attention se concentre et la résolution de problèmes s’améliore. Cependant, lorsque le cycle commence à décliner, l’attention se disperse, les erreurs augmentent et on a tendance à se surmener. Toutefois, selon la biologie, le corps et le cerveau émettent un signal d’arrêt.
C’est pourquoi les remises à zéro sont importantes. Elles s’ajustent aux cycles naturels plutôt que de les contrecarrer. Une pause de deux minutes pendant une phase descendante d’un cycle ultradien aide le cerveau à consolider l’information et à se préparer pour la prochaine montée d’énergie. C’est comme offrir une page blanche au système. Sur le long terme, cela réduit la fatigue et maintient une performance constante tout au long de la journée. Plus nous accomplissons, plus notre estime de soi s’améliore, grâce à la sensation d’avancement.
Harvard Business Review souligne que les pauses synchronisées avec ces cycles sont beaucoup plus réparatrices que des interruptions irrégulières. Une méta-analyse sur les micropauses, publiée dans PLOS One, en est arrivée à la même conclusion : les courtes pauses réduisent systématiquement la fatigue et augmentent la vitalité, avec des effets mesurables sur le bien-être et, dans de nombreux cas, sur la performance.
En comprenant les rythmes ultradiens, on cesse de considérer les remises à zéro comme de simples interruptions aléatoires. Elles deviennent plutôt des outils stratégiques. Quelques minutes bien choisies peuvent faire toute la différence : on peut ainsi aborder une tâche suivante avec clarté et stabilité.
Comme je l’ai mentionné dans Bien dormir pour mieux diriger, une courte sieste peut servir de remise à zéro pour le cerveau. Le même principe s’applique ici : des pauses courtes et intentionnelles permettent à l’esprit de consolider les informations traitées et de se préparer à ce qui va suivre.
Une remise à zéro n’a pas besoin d’être une longue marche, une retraite de méditation ou même une pause complète du travail. Quelques minutes peuvent parfois suffire pour relancer notre esprit. Ces micro-remises à zéro sont de petits gestes qui marquent une pause, une respiration, une remise à neuf. Cela permet de revenir au travail avec davantage de présence, de concentration et de fluidité.
Remises à zéro pratiques
S’éloigner de l’écran
Levez-vous, étirez-vous ou regardez par la fenêtre. Même un bref changement de posture et de perspective interrompt le cycle de distraction et ravive l’attention.
Écrire ce qui est déjà accompli
Plutôt que de fixer une liste de tâches interminable, notez trois choses que vous avez réalisées aujourd’hui. Cela déplace votre attention de ce qui manque vers ce qui avance, et le progrès est une source de motivation plus puissante que la pression.
Essayer un cycle respiratoire inégal
Inspirez doucement par le nez pendant environ trois temps, puis expirez lentement par la bouche pendant environ six temps. L’expiration prolongée envoie au système nerveux le signal de se calmer. Quelques cycles de ce rythme simple peuvent transformer la tension en stabilité en quelques minutes.
Sortez un instant
Sortir, même pour quelques minutes, interrompt le cycle de la posture assise et du regard figé sur l’écran. Un peu d’air frais et un changement d’environnement donnent à votre cerveau le signal de repartir. J’ai personnellement constaté qu’une courte marche m’aide souvent à trouver de nouvelles idées ou de nouveaux angles à une situation donnée
Micro-sieste
Bien sûr, les siestes éclaires, Comme je l’ai mentionné dans un de mes blogues précédents, elles peuvent être utiles, surtout lorsque la somnolence se fait sentir.
Il est important de noter que les périodes de réinitialisation ne doivent pas nécessairement être longues ou dramatiques. Un court instant, utilisé intentionnellement, peut transformer notre façon de nous présenter pour le reste de l’heure, et parfois, c’est tout ce dont nous avons besoin. Les recherches varient, allant de quelques minutes à environ dix minutes. S’il n’existe peut-être pas de norme unique sur la durée idéale d’une pause leur utilité est indéniable. Des interruptions courtes permettent de maintenir l’attention et la présence. Elles nous rappellent que l’équilibre favorise généralement davantage la performance qu’un effort constant. Il arrive que le geste le plus avisé soit tout simplement de ne rien faire du tout ! 😉
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