Influencer sans autorité

Par Sophie Makonnen

 

On pourrait imaginer que le leadership ne débute pas par une fonction, mais par des qualités et des actions qui préexistent à une promotion formelle.

Le leadership émerge-t-il uniquement lorsqu’il est formellement reconnu ? Il est courant de croire que l’autorité découle d’un poste, mais c’est souvent l’inverse. Les titres viennent généralement reconnaître un leadership existant plutôt que de le créer.

Cette idée est liée à mon texte Quand l’Expertise ne suffit plus…. Premier pas comme gestionnaire  dans lequel des personnes se retrouvent à exercer un rôle de direction avant de se sentir prêtes. L’essentiel, c’est de ne pas attendre une crise ou un titre. Il faut apprendre et pratiquer le leadership avant que cela ne soit officiellement exigé. Cela permet d’être mieux préparé·e aux occasions futures.

Pensez à vos collègues en qui vous avez eu le plus confiance dans votre carrière. Il est probable que certains ne faisaient pas partie de votre hiérarchie. Ces personnes prenaient des initiatives, elles vous ont soutenus durant les moments difficiles ou encore, elles ont apporté de la stabilité lors des crises. Leur leadership reposait sur la crédibilité, l’initiative et la confiance, et non sur la hiérarchie.

C’est une excellente nouvelle ! Le leadership peut être développé à tout moment, peu importe le titre. En posant des gestes dès maintenant, vous développez non seulement vos compétences mais vous démontrez aussi que vous êtes prêt·e si une promotion se présente, illustrant ainsi l’argument central selon lequel le leadership commence bien avant la reconnaissance.

S’affirmer sans attendre une promotion

Mais comment exercer son leadership sans avoir de poste de direction ? Ce n’est pas dominer les autres, crier plus fort que tout le monde ou prétendre détenir toutes les réponses. C’est plutôt un ensemble de petits gestes répétés qui construisent la confiance et ont un impact tangible au jour le jour.

Cela équivaut à endosser la charge de résultats qui dépassent vos propres fonctions. Au lieu de dire « ce n’est pas mon problème », vous remarquez ce qui doit être pris en compte et contribuez à avancer dans la bonne direction.

Cela peut également se manifester par le partage de vos connaissances avec une personne en formation ou par un mot d’encouragement envers quelqu’un qui doute. Le mentorat n’a pas besoin d’être formel pour être significatif.

Parfois, cela signifie simplement prendre la parole en réunion pour proposer une idée ou poser une question que personne d’autre n’a encore soulevée. Dans mon article intitulé Exprime-toi. Prends ta place. Dirige dès maintenant je soutenais que la crédibilité ne vient pas uniquement des années d’expérience. Elle émane plutôt de notre capacité à contribuer et à partager nos opinions, même si notre voix tremble. Le leadership se manifeste souvent dans ces moments-là, bien avant qu’on nous confie une responsabilité officielle.

Cela peut être aussi simple que de faire ce qu’on a promis de faire. Tenir parole, reconnaître ses erreurs et attribuer le mérite aux bonnes personnes, ça se remarque. L’intégrité crée une autorité discrète, mais puissante, que ne remplace aucune désignation formelle.

C’est dans ces moments-là que le leadership se manifeste vraiment, qu’il soit attribué à une fonction ou non.

Pourquoi c’est important

Attendre une promotion avant de passer à l’action peut freiner notre élan. Si on considère le leadership comme quelque chose qui commence seulement avec une reconnaissance officielle, on risque de passer à côté de toutes les occasions d’avoir de l’impact là où on est, ici et maintenant.

En réalité, le leadership s’acquiert grâce à l’expérience. Chaque fois que l’on prend une initiative, que l’on renforce la confiance ou que l’on agit avec intégrité, on façonne la manière dont les autres nous perçoivent et la manière dont on se perçoit soi-même. Ces petits gestes s’accumulent et nous préparent pour l’avenir. Ils sont toutefois importants dans le présent, car ils renforcent les équipes et contribuent à un milieu de travail plus sain.

La reconnaissance officielle finit par arriver. Mais le leadership a déjà commencé depuis longtemps. C’est seulement une confirmation de ce qui se construit chaque jour, dans les décisions et les actions concrètes. Commencez dès aujourd’hui en identifiant une occasion de diriger là où vous êtes, et faites ce premier pas.

Des habitudes simples qui renforcent le leadership

Selon Caroline Castrillon, collaboratrice de Forbes, l’exercice de l’influence sans autorité hiérarchique repose davantage sur la confiance, la crédibilité et la qualité des relations. Son point de vue correspond à ce que j’ai remarqué dans les mécanismes du leadership et s’accompagne de mesures concrètes que vous pouvez appliquer dès maintenant.

  • Créer des liens en écoutant. L’influence s’accroît lorsque les gens se sentent écoutés. Il ne s’agit pas d’être l’ami·e de tout le monde, mais de démontrer une véritable curiosité et du respect. Une écoute attentive favorise la confiance, cette base essentielle du leadership qu’évoque Castrillon.

  • Se bâtir des allié·es en reconnaissant les autres. L’influence ne se porte jamais seul·e. Reconnaître les contributions et offrir son appui renforcent non seulement les relations, mais permettent aussi de créer un réseau de collègues qui vous soutiendront en retour. Diriger, c’est autant faire progresser son travail que valoriser celui des autres.

  • Endosser les difficultés et mener à bien les tâches. La fiabilité est importante. Accepter la responsabilité d’une situation en l’identifiant et en aidant à la résoudre contribue à votre crédibilité. Cette constance incite les autres à vous suivre, même sans pouvoir formel.

  • Prendre la parole, même sans se sentir tout à fait prêt·e. La crédibilité ne dépend pas de la hiérarchie ou de la perfection du discours. Elle se développe en participant. Proposer une idée ou poser une question que personne n’a osé poser peut changer le cours d’une conversation.

  • Accueillir la résistance avec curiosité. Les objections ne sont pas des échecs. Comme le suggère Castrillon, elles peuvent révéler des angles morts, clarifier certains malentendus ou vous aider à mieux articuler votre vision.

Ces petits gestes ne sont pas spectaculaires et vous pouvez ne pas les remarquer au début, mais ils influencent la manière dont les autres vous perçoivent. Au fil du temps, ils développent un style de leadership subtil et persistant, qui finit par être validé et non initié par la reconnaissance formelle.

 

Le leadership ne commence pas par une désignation. Il découle de choix quotidiens : prendre des initiatives, écouter, tenir ses promesses et soutenir les autres. Ces actions, toutes simples, génèrent de l’influence bien avant qu’une autorité formelle entre en jeu.

Et lorsque cette reconnaissance arrive enfin, elle ne constitue pas le début du leadership. Elle en est plutôt la confirmation de ce qui a déjà été vécu et incarné.

 
 

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