Les croyances qui façonnent nos choix
Par Sophie Makonnen
Le poids des croyances que nous ne remettons plus en question
Récemment, une courte vidéo est apparue dans mon fil d'actualité sur les réseaux sociaux, une vidéo que je n'aurais normalement pas pris le temps de regarder malgré les algorithmes. Elle traitait de la manifestation et affirmait que notre monde est le reflet de nos pensées. J'avais déjà entendu cela, comme beaucoup d'entre nous, dans des livres ou des vidéos sur la visualisation et l'état d'esprit (Mindstate). Je n'avais pas l'intention de me plonger dans ce sujet, mais cela m'a fait réfléchir. Cela m'a rappelé à quel point nos pensées et nos croyances façonnent notre expérience du monde et comment certaines de ces croyances, autrefois utiles, peuvent finir par nous freiner.
Cette prise de conscience m'a également rappelé une idée que j'avais explorée dans Succès : mise à jour en cours nous sommes constamment en évolution en changement et ce qui nous aide à grandir à un certain stade peut ne plus nous être utile à un autre.
Notre vision du monde est filtrée par de nombreux éléments, notamment les croyances que nous avons sur nous-mêmes et sur les autres. Le problème est que nous confondons souvent ces perspectives avec des vérités absolues. Au fil du temps, nous nous y attachons et les laissons guider nos décisions. Lorsqu'une croyance qui nous soutenait autrefois ne correspond plus à notre situation actuelle, elle peut commencer à nous limiter.
Le problème est que nous confondons souvent ces perspectives avec des vérités absolues. Au fil du temps, nous nous y attachons et les laissons guider nos décisions. Lorsqu'une croyance qui nous soutenait autrefois ne correspond plus à notre situation actuelle, elle peut commencer à nous limiter.
Certaines croyances nous soutiennent pendant un certain temps, puis cessent de correspondre au contexte dans lequel nous nous trouvons. Ce sont celles que je rencontre le plus souvent chez mes clients·es, des schémas discrets qui limitent notre croissance jusqu'à ce que nous commencions à les remettre en question.
« Je dois tout avoir prévu avant de commencer. »
Cette croyance est souvent présente chez les professionnel·les ambitieux·ses et consciencieux·ses. Elle semble responsable, voire stratégique. Qui ne voudrait pas être préparé·e ? Mais elle peut parfois traduire une certaine appréhension face à l’incertitude ou à l’imperfection. Attendre que tout soit clair ou sous contrôle signifie souvent attendre trop longtemps. La clarté apparaît rarement à l’avance ; elle se développe à travers l’action, la réflexion et l’ajustement. C’est le progrès qui renforce la confiance, et non l’inverse. Parfois, la démarche la plus productive consiste simplement à se lancer.
« Si je fixe des limites, je vais décevoir les autres. »
Beaucoup de gens pensent qu'ils doivent tout avoir prévu avant de se lancer, dans l'espoir de soutenir les autres et d'être fiables. Cependant, cet effort pour répondre à toutes les attentes peut être épuisant. Lorsque les limites font défaut, la concentration se disperse et même les bonnes intentions peuvent commencer à peser.
Le message clé : fixer des limites crée de la clarté, pas de la distance. Les limites vous donnent la possibilité de réagir avec présence plutôt qu'avec ressentiment. La véritable fiabilité vient de la cohérence, pas d'une disponibilité sans fin. Dire non quand c'est nécessaire vous permet de dire oui avec une énergie et une détermination sincères.
L'incertitude signifie que quelque chose ne va pas. »
La plupart d'entre nous se sentent mal à l'aise lorsque la clarté s'estompe. Nous cherchons des signes indiquant que quelque chose ne va pas, alors que souvent, cela signifie simplement que nous entrons en territoire inconnu.
L'apprentissage, l'adaptation et l'innovation commencent souvent là où la clarté fait défaut. Au lieu de considérer l'incertitude comme un obstacle, considérez-la comme une information utile. Elle suscite la curiosité, pas la peur. Le progrès repose sur la stabilité dans l'incertitude, et non sur son élimination.
Comme je l'ai exploré dans Rester présent·e dans l'incertitude, l’élan s’amorce en adoptant une petite décision judicieuse, en surveillant les résultats et en s’ajustant progressivement, plutôt qu’en reportant l’action jusqu’à ce que toutes les données soient disponibles
« Si je ne suis pas tout à fait prêt, je ne devrais pas m'exprimer. »
L’hésitation à s’exprimer vient souvent du fait qu’on croit que la confiance doit venir en premier, mais, en réalité, la confiance suit généralement l’action. Comme j'ai souligné dans Fais entendre ta voix. Prends ta place. Affirme ton leadership attendre d’être absolument sûr de soi peut parfois faire passer à côté de l’occasion de contribuer. La confiance émane de la pratique, pas de la perfection.
Se reposer, c'est prendre du retard.
Cette croyance est profondément ancrée dans de nombreux lieux de travail où le mouvement constant est assimilé à l'engagement. L'idée que ralentir nous fera reculer peut-être difficile à remettre en question, mais la fatigue sape discrètement la concentration, la perspective et la créativité bien avant que nous n'en remarquions les effets.
Prendre du temps libre n'est pas un signe de perte de progrès, comme je l'ai expliqué dans Les congés font partie de votre carrière. Au contraire, les pauses sont essentielles pour rafraîchir votre esprit et votre corps, vous aidant à prendre de meilleures décisions et à atteindre vos objectifs de manière plus durable.
De même, le sommeil joue un rôle actif dans le leadership. Dans Bien dormir pour mieux diriger, j'ai souligné que le repos fait partie intégrante de la performance, et n'est pas une récompense pour avoir travaillé dur. La récupération nous permet de retrouver la perspective perdue sous l'effet du stress, ce qui montre que la performance durable repose sur l'équilibre entre l'effort et le repos.
La productivité signifie remplir chaque minute.
Cette croyance est l'une des plus difficiles à défaire. Nous évaluons souvent notre valeur en fonction de notre niveau d'activité ou de notre emploi du temps. Il en résulte une activité sans renouvellement : les longues journées peuvent sembler bien remplies, mais elles sont rarement satisfaisantes. La productivité devient une course plutôt qu'un rythme qui permet de maintenir la concentration et la qualité.
Dans Des bon jours, des jours bof….tous comptent nous avons exploré la façon dont notre énergie augmente et diminue naturellement. Aligner notre travail sur ces cycles nous aide à en faire plus avec moins d'efforts. La véritable productivité ne consiste pas à maximiser chaque minute, mais à savoir quand s'engager et quand faire une pause.
Dans les conversations de coaching, ces croyances apparaissent souvent discrètement au début, cachées sous l'activité ou le doute de soi. Les mettre en lumière change tout. Il ne s'agit pas de les corriger ou de les remplacer, mais de comprendre d'où elles viennent et ce qu'elles ont encore à nous apprendre.
Comme l'explique Jennifer Garvey Berger dans Unlocking Leadership Mindtraps, l'un des pièges est le besoin de protéger l'image que nous avons construite de nous-mêmes. Au fil du temps, nous investissons de l'énergie pour montrer et défendre cette identité : celle qui sait, qui aide et qui dirige. Nous oublions facilement que nous sommes encore en pleine évolution. Certaines croyances deviennent si liées à cette identité que les remettre en question nous donne l'impression de perdre quelque chose.
La croissance nous demande parfois de lâcher prise, de mettre de côté ce qui ne nous correspond plus et de faire de la place pour ce qui va suivre. Lorsque nous commençons à remarquer les hypothèses tacites qui façonnent nos choix, nous créons un espace pour des perspectives plus en phase avec qui nous sommes aujourd'hui et qui nous sommes en train de devenir. Prenez un moment cette semaine pour réfléchir aux croyances qui guident vos actions. Identifiez une hypothèse que vous pouvez remettre en question ou ajuster, et voyez comment cela change votre approche.
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